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L'univers féerique de Raphy

 

Richesse de la texture travaillée en profondeur, éclat des harmonies de couleurs complémentaires qu'unissent en progression chromatique des passages savamment modulés, rigoureux ordonnancement des volumets, juste répartition des zones d'ombre et de lumière, de tons froids et chauds accordés au diapason d'une dominante. Et, en dépit de tout cela relevant d'un très long temps de réflexion, de respect d'une rigoureuse discipline, d'une volonté de construire l'espace dont il se fait l'architecte, une peinture qui d'emblée semble être le résultat de la spontanéité : celle de Raphy dont nous savons que suivant le conseil de Boileau, vingt fois sur le chevalet, il remet son ouvrage. Mais en vérité est-elle si surprenante cette peinture qui pour avoir été lentement mûrie parait relever du gestuel ?
 
Certes non, puisque, aussi bien, tout motif ou sujet objectivement perçu dans l'instant présent se prolonge chez Raphy au second degré, celui du subjectif, où il acquiert dimensions et fonctions que lui prête l'imagination. Ainsi, le paysage extérieur se fait-il paysage intérieur, tel personnage vit-il une action se déroulant dans le moi secret du peintre, lequel dès lors, en fixe l'image sur la toile. Tout semble donc s'expliquer de cette spontanéité témoignant d'un grand mouvement d'émotion, d'une évasion en rêve éveillé, cependant que la raison n'y perd point ses droits. Hoffman nommait cela “inspiration“ ce moment où inventant un conte fantastique il ne lui sacrifiait jamais les règles de l'écriture. Peintre d'un univers parallèle dans lequel la beauté s'incarne en tout être et toute chose, Raphy nous introduit dans l'immensité de ses espaces où jouent les clartés que dispensent
La “Lanterne chinoise et poussières d'étoiles”, nous fait assister à l'apothéose de     l' “Aurore”  quand se mêlent les jaunes, orangés, mauves, bleus et verts aux infinies nuances, cependant que la “Légende du Léman” traitée en couleurs froides (bleu-vert) s'accorde au mode mineur de quelque mélodie montagnarde. Parfois, revenant à la forme réelle, Raphy lui confère un caractère, ici, intemporel, là, fantastique. Ce sont alors : “Le roi des gnomes” (visage mystérieux du maître des mauvais génies), “Fée et Sirène” (deux visages féminins mesurant des yeux leur puissance maléfique). “Dame rouge”  dont la robe s'accorde aux verts de l'espace dans lequel elle semble rêver, “La belle meunière” évoquant la suite des lieder par lesquels Schubert célébra sa beauté, bien d'autres sujets encore dont un splendide triptyque intitulé “La lune m'a dit un jour “.
Heureux Raphy auquel l'astre nocturne confie tant et tant de jolies choses, et heureux les spectateurs auxquels l'artiste les offre.
Telle nous est apparue l'exposition de ce peintre, récemment invité de la mairie du IIème arrondissement dans le cadre du programme culturel de la ville de Paris.

Jacques DUBOIS

Critique à l'Amateur d'Art

Article paru dans l'Amateur d'Art n°703  avril 1984

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